dimanche 27 février 2011

CADAVRES D'AUTOMNE


La nature trompe l’ennemi; les grands arbres agitent leurs branches élastiques pour mieux étaler sous mon regard l’absence de feuillage; mais derrière ces éclaireurs semblant agiter le drapeau blanc de la trêve hivernale, certains corps d’armée se trahissent: les perce-neiges dissimulent bien mal leur présence, tandis que quelques primevères jaunâtres sont déjà en position; et que dire de cet intrus, cet œillet orange dont la présence restera un mystère. 
Soit ! vous voulez la guerre, et bien vous l’aurez ! Les mauvaises herbes pensaient encore pouvoir se faire ignorer quelque temps, mais prêtes à l’assaut au bord de leurs tranchées, j’ai ouvert le premier les hostilités, d’une main précise et impartiale, retournant contre les premières lignes de l’envahisseur l’embuscade qu’il se préparait à me tendre. La vigilance se devra désormais d’être de tous les instants : l’ennemi est à découvert.

Dans les mois qui viendront, le combat acharné se déroulera au gré de mes temps morts.
En ce dimanche, j’ai entassé les derniers cadavres d’automne; je prépare le terrain; je suis l’architecte du champ de bataille d’un conflit perdu d’avance.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire