Les sabots claquent sur le sol dur, gelé. Les roues, perdant de leur circularité suite à de longs voyages dans les plaines sombres alentours, entrainent sur de lourds pavés de pierre, un étrange convoie.
La brume, épaisse, pesante, s’estompe, révélant, tel un mirage, une large bâtisse brune, entourée d’étranges lueurs flamboyantes,  bouts de mèches de larges cierges entourés d’une aura solaire, feux follets d’âmes en partance, ou ne sachant quitter limbes.
Je relâche prestement les  rênes de mon animal, je descends de mon menu fiacre, faisant craquer le bois détrempé.  Je pose un pied sur le sol glacé de l’hiver. De ma bouche s’évapore un large nuage de fumée, blanchâtre, ineffable. C’est mon âme qui fui un corps qu’elle ne supporte plus. Je m’empresse de me couvrir l’orifice du peu de tissu qu’il me reste sur le dos. Mon âme, c’est tout ce qu’il me reste.
Ma démarche est bancale, mon visage est étrangement pâle et je souris peu. Je tiens à la main droite une fine bougie de cire, à la main gauche, un long chapelet de bois de cerisier et sur le dos, de larges habits noirs, usés, troués. Si la compagnie d’un vieux cocher vous intéresse, c’est avec grand plaisir que je me laisserai ouvrir les lourdes portes du château. Ne faites pas attention à mon accoutrement. L’habit, dit-on, ne fait pas le moine. Et les apparences sont souvent trompeuses. Ainsi, j’aurai l’honneur de rencontrer mon Maître, l’Empaleur, à la sortie d’un mystérieux corridor, si celui-ci n’est pas sortis, en soif de sang frais…

Mon cheval s’essouffle. Ce n’est pas le temps de faiblir. Il reste du chemin à parcourir. A samedi, si les roues tiennent jusque-là.
Furtus, Cocher de l’Imaginaire, pour vous servir.     (Etienne)